Monsieur le directeur

 


Monsieur le directeur

A retourné ses poches,

Et la main sur le cœur

Il nous a dit : c’est moche,

Chers collaborateurs,

Vous mes amis, mes proches,

Messieurs les travailleurs,

Notre rupture approche.

 

Je t’nais personnell’ment

A venir l’annoncer :

Votre licenciement

Vient d’être prononcé.

Bien sûr humainement

Je vous aurais gardés,

Economiquement

Je dois me résigner.

 

Messieurs les actionnaires

Ont voulu croire en nous,

Nous nous devons de plaire

A ceux qui on les sous.

Des immeubles de verre

D’où ils régissent tout,

Les brillants gestionnaires

Veulent réduir’ les coûts.

 

Monsieur le directeur

A retourné ses poches,

Et la main sur le cœur

Il nous a dit : c’est moche,

Chers collaborateurs,

Vous mes amis, mes proches,

Messieurs les travailleurs,

Notre rupture approche.

 

Vous nous coûtez trop cher,

Et j’en suis désolé,

Au niveau planétaire

Nous ne pouvons lutter.

Cette histoir’ de salaires

Nous crée bien des soucis,

Quand il s’agit de faire

Toujours plus de profits.

 

Oh certes j’aurais dû

Vous prévenir avant.

Si je vous ai déçus,

Croyez-le sincèr’ment,

C’est qu’ je n’ai pas voulu

Trop prématurément,

Dir’ des chos’s qu’auraient pu

Vous créer des tourments.


Monsieur le P.D.G,

Son devoir accompli,

A cru bon d’ajouter,

Cynique ou étourdi :

Si notre société

Est si forte aujourd’hui,

Vous y participiez

Et ell’ vous remercie.

 

 Philippe Thivet         

(texte déposé à la SACEM)

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