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Carton rouge


 

Roug’s, verts, jaun’s, bleus ou blancs,

Messieurs les supporters,

Les sportifs du slogan,

Bichez et soyez fiers,

Je vous dédie ce chant.

Cramponnez-vous aux stades,

Oui parquez-vous bons princes,

A vous rendre malades

Aux soirs de victoir’ mince.

Hurlez à pleins poumons

Vos « ballonneus’s » rengaines.

Arrachez au gazon

La joie qui vous entraîne.

Supportez les gaillards,

Tous les emmaillotés,

Coureurs sudoripares,

Bipèd’s numérotés.

Rotez au caniveau

Vos victoires désuètes,

Vibrez au « deux-zéro »,

Trinquez au jus d’athlète.

 

Mais je dis carton rouge.

Oui je dis carton rouge.

 

Aux erranc’s klaxonneuses

N’exhibez plus vos cornes,

Aux corridas fiévreuses

Vous dépassez les bornes.

Vraiment la coupe est pleine,

Et si vous la gagnez,

Je vous le dis sans haine :

Cessez donc de beugler.

Quand je vous vois vous rendre

Au pré publicitaire,

J’avoue parfois me prendre

A des questions laitières.

Si votre lactation

Etait à la hauteur

De tous vos beuglements,

Je vous le dis sans peur :

Tapie serait sans doute

Déjà marchand d’ yaourts,

Et contre Bulgarie

Terminé les soucis.

 

Je vous dis carton rouge.

Oui je dis carton rouge.

 

Roug’s, verts, jaun’s, blancs ou bleus,

Messieurs les supporters,

Les sportifs du hors-jeu,

Je ne veux pas me taire

Sans un couplet ou deux.

Tremblez devant l’écran,

Suez en charentaises,

Car pour battre Milan

‘Va falloir êtr’ balaise.

Accrochez vos posters

Aux papattes poilues,

Faites leur vos prières

Aux veill’s de tirs au but.

Oubliez votre femme

Qui se grime d’attente,

Olympique est la flamme

Aux rencontr’s importantes.

Cuvez au canapé

Vos matchs « babalistiques »,

Vibrez à coups de pieds

En état orgastique.

 

Mais je dis carton rouge.

Oui je dis carton rouge.

 

Aux erranc’s radioteuses

Libérez ma fréquence,

A votre fièvre herbeuse

J’oppos’ ma différence.

Soir de finale ou pas,

M’entendez-vous jamais

Claironner à tout va

A tout bout de quartier ?

Oui moi l’adepte fou

De la grass’ matinée,

Aux douz’ coups du coucou

M’entendez-vous hurler :

J’ me suis l’vé à midi,

Ah super j’ai gagné !

Je suis l’ champion du lit,

Et viv’ les oreillers !

Pas d’ suivi d’ ronflements

Au quart d’heur’ par quart d’heure.

Je vous demand’ seul’ment

D’ lâcher mes haut-parleurs.

 

Je vous dis carton rouge.

Oui je dis carton rouge.

 

‘fin bref aimez le foot,

Moi j’en ai rien à foutre,

Mais n’en dégoûtez pas

Ceux qui détestent ça.

 

(15/02/1994)

 


(variante dernier couplet)

 

Aux erranc’s radioteuses

Libérez ma fréquence,

A votre fièvre herbeuse

J’oppos’ ma différence.

Soir de finale ou pas,

Tout ceci n’est qu’un jeu,

Pas d’ quoi en faire un plat

Messieurs les journaleux.

Moi qui joue aux p’tits ch’vaux

‘vec les goss’s du quartier,

Quand je bats les marmots

M’entendez-vous hurler :

Ca y est j’ai réussi !

Ah super j’ai gagné !

J’ suis l’ champion d’ l’écurie,

Et viv’ les ch’vaux violets !

Pas de soirée spéciale

Pour vanter mes galops.

Quand vous jouez à la balle

Oubliez ma radio.

 

Je vous dis carton rouge.

Oui je dis carton rouge.

 

‘fin bref aimez le foot,

Moi j’en ai rien à foutre,

Mais n’en dégoûtez

Ceux qui détestent ça.

 

(29/05/1998)

 

       Philippe Thivet

(texte déposé à la SACEM)

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